L’opéra

Vendredi dernier, je me suis rendue à l’opéra avec mon « cher » mari. Quelle soirée !

Charles n’était vraiment pas enthousiaste comme à son habitude. Dans la rue se tenaient de gigantesques affiches en caractères baroques et sur la façade de l’opéra, de magnifiques balustrades et plusieurs tentes en coutil ornaient la porte des estaminets. Il faisait beau et chaud. On est entrés dans le vestibule. J’ai gravi l’escalier des premières avec enchantement et j’avoue avoir pris un plaisir enfantin à pousser du bout des doigts les larges portes tapissées de la loge. Mes yeux ont parcouru avec délice le lustre et les fines bougies de l’orchestre. La salle se remplissait. Tantôt des hommes âgés avec des chevelures et des teints blanchâtres, tantôt de jeunes hommes beaux aux costumes extravagants, s’installaient dans la salle.

Le spectacle commençait. Que de merveilles !

Résultat de recherche d'images pour "gravure theatre italien"

Le théâtre italien  – Eugène-Louis Lami (1840)

Ce qui devait être le plus beau jour de ma vie…

Cette journée qui devait être inoubliable n’est maintenant qu’un vague souvenir. Ce n’était pas le mariage que j’espérais. Ma famille n’avait pas les moyens d’organiser le mariage dont je rêvais. En effet, il y avait très peu d’invités, et pour la plupart ils étaient mal vêtus: ils avaient des habits et des redingotes. J’aurais voulu sortir de cette vie monotone quelques heures. Mais rien de cela ne s’est réalisé. En réalité, mon mariage se tenait à la ferme, il était très rural, il n’y avait que des personnes de la campagne. Les meubles ainsi que la décoration n’étaient pas à la hauteur de l’événement, la table n’était pas bien dressée et elle ne semblait pas stable, pas belle. Ma robe était trop longue, elle traînait sur le sol, je devais m’arrêter pour la tirer… un vrai désastre.

Enfin, je veux seulement dire que cette journée a été toute aussi ordinaire que les autres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Wedding cake made by Willem Berkhoff for the occasion of the marriage of H.M. Queen Wilhelmina of The Netherlands and H.R.H. Prince Henry on 7 february 1901 in Amsterdam – Auteur anonyme

 

Le bal de Vaubyessard

Hofball in Wien – Wilhelm Gause (1900)

Charles, mon mari, et moi avons été conviés à ce bal. Que de souvenirs ! J’étais si heureuse quand Charles m’a annoncé que nous y étions invités ! J’en avais toujours rêvé ! Tout était comme dans un rêve ! Le château était magnifique. Dès mon arrivée, j’ai été envahie par les odeurs qui m’étaient encore inconnues. Mais quand je repense aux discussions qu’avaient les personnes parlant italien, je me sens partagée entre deux mondes : celui de la campagne, dans lequel je suis née et j’ai grandi mais qui me fait honte, et celui de la bourgeoisie, ce monde dont j’ai toujours rêvé mais dans lequel je ne me sens pas à l’aise. J’étais incapable de choisir entre les deux mondes qui m’étaient proposés. Que faire ? En regardant par la fenêtre, je pouvais apercevoir ceux de la campagne, et en me retournant, je voyais ce monde rempli de luxe et de richesses.

Je suis tellement triste et déçue de ne pas avoir grandi dans ce monde magnifique…  Pourquoi suis-je née dans cette pauvre campagne et pas dans cette parfaite société bourgeoise ?